Les films de la CNT durant la guerre civile en Espagne : à la recherche d'une fiction anarchiste, le jeudi 24 novembre 2016

Conférence proposée par Yannick Gallepie membre d’ARI – Association de Recherches Inter-disciplinaires "Les films de la Confédération Nationale du Travail, durant la Guerre Civile en Espagne : à la recherche d'une fiction anarchiste" :

Juillet 1936 à Barcelone, alors que les combats font rage entre les forces franquistes qui ont impulsé une tentative de coup d’État et les différentes composantes de la résistance « républicaine », des militants de la CNT, syndicat anarcho-syndicaliste, s’emparent de caméras et immortalisent sur pellicule des images qui resteront comme le symbole de ce début de guerre civile : des ouvriers saisissent des armes, des barricades se dressent, des églises brûlent… La CNT, majoritaire dans les processus de collectivisation barcelonais qui durent tout le long des trois années de guerre civile, couvre le conflit grâce au matériel disponible mais relance aussi l’exploitation des salles et la production de fictions. Au-delà de l’intérêt économique et social de relancer l’industrie cinématographique, un leitmotiv revient dans les débats qui entourent cette activité : quel film peut traduire au mieux l’esprit de juillet 1936 ? À quoi doit ressembler le cinéma dans une société post-révolutionnaire ?

Si les images des documentaires sont restées dans les mémoires, tout comme les affiches produites durant cette période, les fictions de la CNT ont connu une postérité plus complexe. Cinq films restent maintenant pour témoigner de cet effort, complétés par de nombreuses informations sur des productions qui n’ont pas pu être finies ou qui ont été détruites. Nous étudierons ces étonnantes séquences, du drame social à la comédie musicale enfantine, qui nous montrent les expérimentations de réalisateurs traversés aussi bien par les débats internes qui font rage au sein de la CNT et du camp républicain que par l’histoire du cinéma espagnol et par les essais de cinémas progressistes internationaux. Produites en plein conflit mais dans une société post-révolutionnaire, ces réalisations sonnent comme autant de pistes vers la possibilité d’un, ou de plusieurs, cinémas anarchistes.


Cette soirée est la quatrième du Cycle "Les parcours clandestins du cinéma" de septembre à décembre 2016 :

Depuis 2011, dans le cadre du projet Makhnovtchina, Echelle Inconnue, traverse la Normandie et l’Est de l’Europe et réalise de courts films documentaires avec des personnes vivant ou travaillant dans la ville mobile et foraine. Aujourd'hui, Makhnovtchina s'enrichit d'un cine-truck ou camion-cinéma, le MKN-VAN. Lanterne magique, salle de projection, studio d'enregistrement et atelier mobile, celui-ci lui permet de diffuser les films réalisés avec ces personnes sur les lieux-mêmes et a pour objectif de rapprocher des situations de mobilité les unes des autres.

Le cinéma au centre donc, et une réflexion portée tant sur la réalisation que sur la diffusion des films.

Ainsi, outre nos références telles que le ciné-train de Medvedkine, le manifeste de Vertov, le cinéma forain du début du XXe siècle, ou le cinéma direct des années soixante, nous souhaitons ouvrir la boite à outils du DSEA sur les histoires clandestines du cinéma, et les partager avec vous pendant quatre mois.

Avec quatre interventions de septembre à décembre 2016, ces histoires traverseront la France (et plus précisément la ville de Rouen), l’Espagne et l’Amérique, afin d’interroger différentes périodes historiques depuis l’invention du cinématographe. Quatre sessions donc, qui ré-écrivent l’Histoire du cinéma afin de mettre en lumière ses voies clandestines, foraines, anarchistes (…). Lors de ce cycle, le Doctorat Sauvage Numérique vous propose également un TP avec une formation au logiciel libre Blender pour le montage vidéo, par des membres de Synaps Collectif Audiovisuel.